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BARTHE, Marcel (1813-1900)

Rapporteur du projet de loi tendant à ériger en municipalité distincte le territoire du Vésinet

Homme politique et avocat français, né à Pau en 1813. Son père, maître ouvrier, le fit élever avec soin et l'envoya à Paris pour y faire son droit. Le jeune homme, entraîné par ses goûts littéraires, prit une part active dans la grande querelle des classiques et des romantiques, publia des articles dans l'Artiste et le Temps, et, de retour dans sa ville natale, il se fit inscrire au tableau des avocats. Il se livra alors avec ardeur à l'étude des questions sociales que Fourier et Saint-Simon avaient mises à l'ordre du jour, se montra partisan des idées phalanstériennes ; mais, loin de professer, en matière politique , l'indifférence recommandée par le chef de l'école sociétaire, il fit une vive opposition à la monarchie de Juillet et se rangea parmi les membres du parti avancé, qui l'envoya siéger au conseil municipal. Élu député à la Constituante, lors des élections complémentaires du mois de juin 1848, il devint membre du comité de l'instruction publique, se prononça contre les idées socialistes, suivit la politique représentée par le général Cavaignac et, après l'élection présidentielle, il vota le plus souvent avec la gauche. Non réélu à l'Assemblée législative, il revint prendre sa place au barreau de Pau, où il publia, en 1850, une brochure intitulée Du Crédit foncier.
Toujours fidèle à ses convictions libérales, Marcel Barthe est resté longtemps à l'écart de la politique active. Ayant posé, en 1865, sa candidature dans les Basses-Pyrénées, en opposition à celle du candidat officiel, il échoua ; mais il n'en sortit pas moins de la lutte avec une importante minorité de 6 000 voix.

Aux élections du 8 février 1871, il fut nommé député à l'Assemblée nationale dans les Basses-Pyrénées, le second sur neuf, par 58,734 voix. M. Marcel Barthe alla siéger parmi les républicains du centre gauche et de la gauche. Il ne tarda pas à y jouer un rôle très important et prit une grande part aux discussions de la Chambre. Il vota les préliminaires de paix, la déchéance de l'Empire, la loi sur les conseils généraux, l'abrogation des lois d'exil, présenta un ordre du jour contre les pétitions des évêques en faveur du pouvoir temporel du pape, appuya la proposition Rivet, se prononça contre la proposition Ravinel, le maintien des traités de commerce, la proposition Feray, relative à l'impôt sur les matières premières, etc. Le 31 juillet 1872, il proposa à l'Assemblée de nommer au sort une commission de 200 membres, appelée section de contrôle et chargée d'examiner toute loi votée par l'Assemblée ; si la commission proposait des modifications à la loi, cette loi devait être soumise à une nouvelle déclaration de l'Assemblée. Élu, en décembre 1872, membre de la commission des Trente, chargée d'examiner les projets du gouvernement sur l'organisation des pouvoirs publics, M. Barthe présenta un projet de loi dont les principales dispositions consistaient à proroger pour trois ans les pouvoirs de M. Thiers, à renouveler par tiers l'Assemblée actuelle et à instituer la section de contrôle dont nous venons de parler. Au mois d'avril 1873, il proposa à l'Assemblée de décréter que, dans les deux mois qui suivraient l'évacuation du territoire, elle se dissoudrait et qu'on procéderait à des élections pour une nouvelle représentation nationale. M. Barthe vota pour M. Thiers le 24 mai 1873 ; il combattit vivement le gouvernement de combat, et, montrant l'impuissance des partis coalisés contre la République à rien fonder, il écrivait en juin 1873 : «II faut que le pays tout entier le sache; M. Thiers a succombé devant une coalition, non parce qu'il n'est pas conservateur, ce serait véritablement trop absurde, mais parce qu'il a cru que le moment était venu de sortir du provisoire et qu'il a proposé d'organiser la République. Eh bien! sans avoir la prétention d'être prophète, j'ose prédire que la politique de M. Thiers survivra à sa sortie du pouvoir... Ne pouvant s'accorder pour faire une monarchie, les trois partis coalisés seront amenés par la force des choses à faire eux-mêmes la République, et ils ne pourront la faire qu'en reprenant la pensée de M. Thiers, celle de rapprocher et d'unir les fractions modérées de l'Assemblée pour former une majorité.» A l'occasion des intrigues monarchiques qui se produisirent à cette époque, M. Barthe publia plusieurs lettres remarquables dans lesquelles il démontra, avec autant de bon sens que de clairvoyance, l'insanité de toute tentative de restauration monarchique. Le 19 novembre il vota contre le septennat et continua à voter contre toutes les mesures de réaction présentées par le cabinet de Broglie, et par les cabinets suivants. Le 16 janvier 1874, il prononça un remarquable discours pour combattre le projet de loi sur la nomination de tous les maires par le pouvoir; le 28 mars suivant, il attaqua le projet de loi relatif à l'admission des princes d'Orléans dans l'armée à titre définitif. M. Barthe vota les propositions Périer et Maleville (juillet 1874), puis il prit une part des plus actives aux pourparlers qui eurent pour objet d'amener une entente pour le vote de la constitution républicaine. En janvier 1875, il présenta sur l'organisation des pouvoirs publics un contre-projet, qu'il défendit devant l'Assemblée, le 1er février 1875, puis il vota pour la constitution du 25 février suivant, contre la loi sur l'enseignement supérieur, et présenta, le novembre 1875, lors de la discussion de la loi électorale politique, un amendement ayant pour objet l'interdiction formelle de toute candidature officielle. Le 31 mai 1875, il présenta à l'Assemblée le « rapport fait au nom de la 31e commission d'intérêt local sur le projet de loi tendant à ériger en municipalité distincte le territoire du Vésinet, dépendant des communes de Chatou, Croissy et le Pecq, de canton de Saint-Germain, arrondissement de Versailles, département de Seine-et-Oise, par M. Marcel Barthe, membre de l'Assemblée nationale. »

Après la dissolution de l'Assemblée, il se porta candidat à la Chambre des députés dans la première circonscription de Pau. « Ma ligne politique n'a jamais varié, dit-il dans sa profession de foi; m'appuyant sur le principe de la souveraineté nationale, j'ai toujours appelé de mes vœux un gouvernement républicain, fort contre toute tentative d'anarchie, respectant tous les droits et tous les intérêts légitimes, protégeant les grands principes sur lesquels repose l'ordre social, ouvert à tous ceux qui par patriotisme ou par raison voudront se rallier à lui et le servir, permettant au pays d'obtenir la satisfaction de ses besoins par la libre manifestation de sa volonté ». Élu député le 20 février 1876 par 6,920 voix contre M. de Luppé, candidat de la réaction, M. Barthe est allé siéger à la Chambre dans les rangs de la gauche. Au mois de mai 1876, il a présenté un projet de loi sur la réunion des services de l'assiette et du recouvrement des contributions directes.

Aux élections législatives du 14 octobre il échoua à Pau contre son concurrent légitimiste, M. de Luppé ; mais l'élection de ce dernier ayant été invalidée, M. Barthe fut élu député le 7 juillet 1878. Réélu au scrutin de ballottage du 5 septembre 1881, il fut porté sur la liste républicaine des Basses-Pyrénées, lors du renouvellement triennal du Sénat, et 432 voix sur 646 votants adoptèrent sa candidature. Il prit la parole, en qualité de rapporteur, dans la discussion de la loi sur les syndicats professionnels, qu'il sut défendre avec habileté (août 1882). A la suite de l'arrestation du prince Jérôme Bonaparte, en janvier 1883, il déposa, de concert avec M. Bardoux, une proposition de loi relative aux attentats commis contre la sûreté de l'Etat, qui fut repoussée par le Sénat. Il se déclara, la même année, hostile à la liberté absolue des congrégations et favorable à la suppression des livrets d'ouvriers. Quand vint en discussion le projet de réforme électorale du Sénat, il présenta avec M. Bozérian un amendement tendant à conférer à tous les conseillers municipaux la qualité d'électeur sénatorial, sans avoir égard à la population de la commune (1884). Il se prononça contre le rétablissement du scrutin de liste pour les élections législatives, contre la liberté du taux de l'intérêt (1885) et contre l'expulsion des prétendants (1886), estimant qu'il y avait seulement lieu de déférer au Sénat, érigé en haute cour de justice, les provocations au renversement de la République et les manifestations « de prétentions dynastiques ou plébiscitaires contraires à la constitution ».

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    Sources :

    Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Larousse, Paris, 1890.

    Dictionnaire national des contemporains (T.5) sous la dir. de C.-E. Curinier, Paris, 1889.

    Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers. par G. Vapereau (6e édition) chez Hachette (Paris) 1895.

    Les parlementaires français. II, 1900-1914, de Samuel & Bonet-Maury, chez Roustan (Paris) 1914.


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