La Gazette du Vésinet, journal indépendant et d'intéret local, 29 septembre 1901.

Le crime du Petit Montesson [1]
Détails complets de la dernière heure...

Un crime abominable, qui a eu le vol pour mobile, a été commis dans notre ville hier, au lieu dit le Petit Montesson. Madame Charlotte Soyer, née Drouard, âgée de 36 ans a été assassinée dans son domicile, [16 bis] route de Montesson, vers 1 h½ de l'après-midi.

La découverte du crime

Monsieur Emile Hue, livreur de la maison Marque et Benoît, épiciers en gros, 47, rue des Chantiers à Versailles, se présentait vers 3 heures moins un quart, chez Madame Soyer qui tenait un petit commerce d'épicerie - marchand de vin pour déposer des marchandises commandées. Etant surabondamment chargé, il fut obligé de faire trois voyages. Au troisième, portant un bidon de Luciline [pétrole de lampe], il demanda à voix haute à Madame Soyer, qu'il n'avait pas encore vue et supposait occupée auprès de son enfant comme semblait l'indiquer des cris qu'il entendait, où il devait placer le bidon. N'obtenant aucune réponse, il tourna de tous côtés la tête et aperçut enfin Madame Soyer, gisant derrière son comptoir, absolument inerte. Affolé, il sortit, en courant, sans plus se rendre compte de l'état de sa cliente et courut jusque chez Madame Ferry, épicière également, demeurant à côté au n°14 de la même route.
Sur ses instances, Madame Ferry le suivit. Pénétrant dans la boutique et voyant la malheureuse Madame Soyer, baignant dans son sang, elle s'écria "C'est un crime" et sortit pour appeler du secours. M. Charbonnier, jardinier, avenue des Pages, qui était au coin de la route, accourut et sans plus tarder, attirés par le bruit, quelques ouvriers travaillant aux alentours se joignirent au groupe. Il n'était plus permis de douter, on se trouvait bien en présence d'un crime, comme le prouvait un couteau tout sanglant placé sur le comptoir.
On chercha avec de l'eau et du vinaigre à ranimer la victime. Le corps était déjà froid. M. Charbonnier courut prévenir un voisin M. François Tatesauce, épicier, avenue des pages et lui demanda de prévenir le mari de l'assassinnée et les autorités. M. Tatesauce partit immédiatement à bicyclette et se rendit à la Mairie du Vésinet, où M. Soyer est employé comme deuxième secrétaire. Très embarrassé pour remplir sa mission, il fit premièrement signe par la fenêtre à M. Bénard, secrétaire, et le prévient qu'un grand malheur qui venait d'arriver dans la maison de son collègue sans toutefois lui en indiquer la nature. Il lui dit simplement, n'ayant d'ailleurs pas été sur le théâtre du crime, que Madame Soyer avait été trouvée étendue dans sa boutique et qu'elle avait dû tomber en plaçant des marchandises sur les rayons.
Ce fut la version qu'il répéta à M. Soyer lorsque M. Bénard eut donné à ce dernier l'autorisation de s'absenter.
M. Tatesauce prévint également M. Carbillier, garde-concierge de la Mairie, le mettant rapidement au courant des événements et le priant de faire le nécessaire.
Puis il reprit le chemin de la maison du crime. En route, il rencontra avenue Horace-Vernet, M. le Docteur Raffegeau à qui il communiqua la nouvelle. Comme il s'agissait d'une cliente, M. le Docteur Raffegeau promit de rejoindre à travers bois le commissaire et de se présenter dans le plus bref délai sur Ies lieux.
A trois heures, M. Soyer arrivait chez lui, croyant à une rechute de sa femme, qui était atteinte de phlébite, couchée, légèrement indisposée. Lorsqu'il apprit de la bouche des assistants l'horrible nouvelle, il fondit en larmes et voulut entrer pour voir encore sa malheureuse épouse.
Le garde Carbillier qui l'avait devancé, s'interposa et emmena le pauvre homme, chez Madame Ferry, sa voisine, refusant de lui laisser voir l'horrible scène de l'assassinat.
A 3 h 10, les gendarmes Lamarque et Mollaret, prévenus également, étaient sur les lieux et faisaient les premières constatations.
A 3 h ¼, M. le Docteur Raffegeau étant arrivé, prit la main de la victime et constata que le pouls avait cessé de battre. La mort remontait à deux heures environ. Il releva encore des traces d'eau mélangée au sang répandu autour de la victime, celle qu'avait jetée les premières personnes venues sur les lieux, espérant la ranimer. Il se refusa à faire de plus amples constatations, n'étant pas médecin de l'état-civil.
A 3 h ½, arrivait M. Drevet, Maire.
Pendant ce temps, les gendarmes, ayant recueillis quelques renseignements partaient à la recherche de deux chemineaux qui avaient été vus aux abord de la maison à l'heure du déjeuner et que la rumeur publique accusait déjà du crime.
MM. les Docteurs Lauth, Gromolard et Lefèvre vinrent successivement sur les lieux. Enfin M. le Docteur Maison médecin de l'état-civil arriva pour faire les constatations d'usage. Il conclut à une mort par strangulation et égorgement.

Les assassins présumés

A 5 heures 20, les gendarmes amenèrent les deux chemineaux primitivement accusés. Ce sont deux ouvriers travaillant chez Madame Chinon, 15, avenue des Courlis. L'un deux, grand gaillard de cinquante ans, roux de barbe et de cheveux, assez proprement vêtu d'une veste et d'un pantalon de treillis, chaussé de sandales, est le vrai type du terrassier. L'autre à l'air plus miséreux, petit, du même âge que son camarade, à la barbe grisonnante. Pauvrement habillé de noir, il porte un chapeau, de méchants souliers et le bas de son pantalon lié par de Ia ficelIe. En somme, deux malheureux qui paraissent peu satisfaits de l'aubaine et se débattent maladroitement.
Confrontés à 5 h ½ avec M. Soyer qui reconnait les avoir vus à l'heure du déjeuner dans le voisinage de sa maison. Mais le patron des pauvres diables étant venu prouver leur présence à son chantier à l'heure du crime, ils sont immédiatement relâchés avec prière de se tenir à la disposition de la justice.
A 3 h 20, Monsieur Vasselot, gendarme, remplaçant M. Bourgeois, brigadier actuellement en congé, télégraphiait au Parquet dont on lui annonçait très peu de temps après la venue pour 6 heures.
En effet, à 6 heures arrivait en automobile, M. Sampé, greffier de M. Mangin-Bocquet juge d'instruction, puis M. Mangin-Bocquet lui-même accompagné de M. Piedelièvre substitut près du Procureur de la République. M. X. médecin légiste de Versailles, bientôt suivis par M. Bruot, commissaire spécial d'Argenteuil et Monsieur Méricam, inspecteur de la sûreté départementale. Enfin le capitaine de gendarmerie Mercier et M. Ballaydier, brigadier de police à Saint-Germain-en-Laye.

La maison du crimele plan du lieu du crime

La Maison où s'est déroulé le drame est situé au n°16 bis de la route de Montesson près de l'avenue des Pages. Elle comprend un rez de chaussée et un premier étage. Au rez-de-chaussée, la boutique d'épicerie-marchand de vin, une salle à manger et une cuisine; au premier étage deux chambres.
La boutique qui a été le théâtre du crime possède une porte donnant de plein pied sur la route. Elle est masquée à l'intérieur par une toile rouge et blanche tombant le long des carreaux, plongeant la pièce dans l'ombre ce qui a permis au livreur Hue de circuler sans apercevoir immédiatement la victime.
Les murs sont garnis de casiers, de tiroirs et de planches chargés de marchandises de toutes sortes. La partie gauche est réservée à l'épicerie. A droite, en entrant, parallèlement à la route est placé le comptoir de marchand de vin, complètement isolé de murs.

Le plan publié par la Gazette,
le lendemain du crime
(19 septembre 1901).


C'est entre le mur de droite et le comptoir qu'à été trouvé le corps de la victime, étendu sur le dos perpendiculairement à la façade. Le bras droit est reployé sur la poitrine, le coude gauche à terre, la main crispée sur le côté. Le haut du corps est placé un peu en biais, la tête dans la direction de la porte. Le bas du corps est dans l'ombre du comptoir, les genoux à hauteur de l'arète, la jambe gauche repliée, la droite allongée, les jupes relevées jusqu'aux genoux.
La face est tuméfiée sur le côté droit et particulièrement à la lèvre inférieure qui semble porter trace d'un coup, ainsi que la tempe droite. Sur le cou par une plaie de 4 centimètres de largeur s'épanche encore le sang. L'artère carotide a été complètement tranchée. Sous la tête, dans la direction de la porte, le sang a coulé formant une flaque de 50 centimètres de longueur.
Au pied de la victime une terrine brisée. Sur le comptoir un couteau sanglant, un hareng saur coupé en deux, un morceau de pain, un verre et un petit couteau à dessert. A la droite du corps sur les casiers, des traces sanglantes de doigts et des éclaboussures.
Dans la salle à manger où se trouvait l'enfant de la victime au moment du meurtre, rien de particulier. Dans la cour, à gauche, le long de cette dernière pièce et sur une table de la vaisselle non lavée. Un bassin plein d'eau dans laquelle baigne un saladier et une lavette.
Au premier étage, rien dans la pièce d'accès. Dans la chambre de façade correspondant à la boutique une armoire à linge entrouverte à laquelle est pendant un trousseau de clefs. Sur le lit défait, les draps rejetés sur le pied, un coffret en noyer incrusté ouvert, vide d'argent. La propriété est prolongée derrière par un jardin potager d'une trentaine de mètres. Dans les plates-bandes ont été relevées six empreintes de pas et sur le treillage qui clôture, une trace de saut, l'assassin ayant du pour le franchir, poser un pied sur la traverse.
Et ce sont là les seuls indices qui ont pu être relevés d'après cette première enquête.

La scène du meurtre

Voici comment s'explique, jusqu'à présent, le meurtre. Madame Soyer était occupée à laver sa vaisselle quand un coup de sonnette la prévint que se présentait un client. Laissant là son ouvrage, elle vint servir le hareng saur, le pain et le vin qui ont été retrouvés à peu près intacts sur le comptoir, puis elle attendit. L'homme la voyant seule et sans défense, saisit un couteau à découper qui se trouvait sur une table voisine et fit mine de s'approcher. La malheureuse sortit de son comptoir par le côté opposé à celui où se trouvait son agresseur. Celui-ci prit alors un siphon qui se trouvait à sa portée et en asséna un coup terrible à la pauvre femme qui trébuchant dans la terrine cassée trouvée à ses pieds, s'affaissa sur le carreau. Puis, poussant la targette qui ferme intérieurement la porte, il monta au premier étage et prit dans l'armoire le coffret qui a été trouvé vide sur le lit.
A sa descente, la victime râlant probablement encore, il lui trancha la gorge d'un coup de couteau et s'enfuit après avoir retiré la targette, par le jardin et les terrains vagues qui sont derrière.

reconstitution de la scène de crime

Le Crime du Vésinet [détail].
Représentation (libre) de la scène du crime parue en couverture du Petit-Parisien du 13 octobre 1901.

 

Le fac-simile a été publié dans Le Vésinet au fil du temps, Société d'Histoire du Vésinet, 1995.

A coup sur l'auteur du crime connaissait parfaitement les lieux, car rien n'a été dérangé, ni au rez-de-chaussée ni au premier étage. Les voisins n'ont rien vu, rien entendu. Des peintres qui travaillaient dans la maison voisine au n°16, n'ont perçu aucun bruit. Le jeune apprenti Labro qui est resté une partie de I'après-midi dans le jardin touchant à celui par lequel a du s'évader le meurtrier, pas plus d'ailleurs que Madame Barrat la propriétaire de la maison, qui était présente dans ce même jardin à l'heure supposée du crime n'ont entendu la sonnette de la boutique. Le coup a été fait de main de maître et la police n'a, quant à présent aucune piste.
Le médecin légiste n'a rien relevé d'autre que les constatations antérieurement faites. Après avoir coupé quelques cheveux derrière la tête pour s'assurer qu'il n'y avait là aucune trace de blessure, il a conclu suivant les termes que nous avons résumés plus haut. Le mari de la victime interrogé n'a rien su dire. Il est incapable d'émettre aucun avis susceptible d'aider la justice. Il fait pitié à voir. Le livreur Hue qui avait été obligé de rester là pour subir le premier interrogatoire du juge d'instruction a reconquis sa liberté à 8 heures. Le pauvre diable que le spectacle terrifiant de la morte a complètement affolé, a passé une partie de son après-midi à pleurer. A 8 h ½ le parquet quitte les lieux. Le corps de la victime a été transporté au cimetière où l'autopsie aura lieu ce matin à 9 heures...

L'instrument du crime

Le couteau qui a servi à tuer Mme Soyer est un couteau à découper de 15 centimètres de long sur 4 de largeur. Le dos de la lame forme deux courbes et la pointe est longue et acérée. Il a du être planté droit dans le cou de la victime, car la lame est tachée de sang sur une longueur de 6 centimètres seulement. La lame est tordue dans le manche celui-ci est fendu à sa base. Dans l'effort, le bois à du céder et le meurtrier est peut-être blessé à la main par l'éclat. il a été emporté à Versailles pour servir de pièce à conviction.

La victime

Charlotte Soyer, née Drouard, le 4 novembre 1865 est donc âgée de 35 ans. Mariée depuis le 20 juin 1899 à Monsieur Albert Soyer, secrétaire de la Mairie du Vésinet, elle avait une petite fille, Georgette, âgée de 15 mois. C'était une femme de taille moyenne, de forte corpulence, les yeux bruns et les cheveux châtains foncés; son caractère très avenant la faisait très estimer de ses voisins et de ses clients.

L'instruction

A huit heures cinquante sont arrivés hier matin MM. Mangin-Boquet, juge d'instruction, Piedelièvre, substitut et Simpé, greffier. MM. Carré, commissaire de police de Saint-Germain et Bruot commissaire spécial d'Argenteuil les accompagnaient. Les investigations ont continué dans la maison du crime, laissée depuis la veille à la garde de la police.
Les empreintes de pas et de saut ont été relevées par le service de la Sureté. Puis, M. Mangin-Bocquet a procédé à l'interrogatoire des premiers témoins. Ont déposé : Madame Ferry, qui la première en compagnie du livreur Hue a constaté la mort de la victime. Les deux terrassiers primitivement accusés et qui avaient été laissés en liberté sont venus déposer. Ils ont établi leur présence au chantier de Mme Jarry, 15, avenue des Courlis, à l'heure ou se perpétrait le meurtre. Deux camarades ont appuyé leur dire, ainsi que M. Robinson, conducteur des travaux de Mme Jarry, qui était à une heure sur le chantier et avait pu constater leur présence.
Enfin plusieurs enfants, à proximité de la maison des Soyer où a été commis l'assassinat, puisqu'ils jouaient dans le terrain vague qui est à côté, ont été également entendus sans pouvoir apporter aucun renseignement nouveau à l'instruction. Monsieur Soyer interrogé à deux reprises différentes a fait la même déposition qu'hier. Sans vouloir porter d'accusation contre personne, il a beaucoup insisté sur la présence des deux terrassiers aux abords de sa maison à l'heure du déjeuner et les propos bizarres que l'un d'eux avait tenu à sa femme. Toutefois l'alibi fourni par les deux pauvres diables est sans appel et les doutes ne peuvent pas peser plus longuement sur eux. L'enquête en est donc toujours au même point. Le plus profond mystère règne autour de cette affaire, les indices faisant absolument défaut.
Les instructeurs se perdent en conjectures, n'ayant rien qui puisse leur indiquer une trace. La façon dont le meurtre a été commis porte à croire que l'auteur était au courant des coutumes de la maison et connaissait parfaitement les êtres. D'un autre côté, comme Monsieur et Madame Soyer, tout en étant très estimés dans le quartier, n'avaient que peu de relations, l'enquête se trouve entravée faute de suspicions possibles. Enfin l'assassin a travaillé là "de main de Maître" puisque semblable expression est aujourd'hui admise. La blessure sous-mentonnière est d'une netteté parfaite, profonde de six centimètres environ elle a dû être faite d'une main ferme, sûre de sa portée; le sang n'a pas jailli sur le meurtrier, il s'est seulement épanché par la plaie pour se répandre sur le carreau ; sur le couteau, la trace sanglante est également très nette s'arrêtant perpendiculairement au fil, à 6 centimètres de la pointe. Le coup a du être porté droit et retiré de même.
A part les traces de doigts et quelques éclaboussures que nous avons déjà signalées, rien d'anormal dans toute la maison. Le meurtre a été commis sans bruit, sans dégâts, sans presse et il sera peut-être difficile à la justice d'en découvrir l'auteur.

A 10 heures du matin, M. Sorel, sculpteur ornemaniste de Saint-Germain, a procédé en présence de M. Piedelièvre à un moulage des empreintes trouvées dans le fond du jardin, près du treillage de clôture. Elles sont au nombre de six, longues et larges et dessinent distinctement douze clous placés vers l'intérieur.
L'interrogatoire des témoins ayant pris fin à 11h30, M. Mangin-Bocquet et son greffier ont rejoint au cimetière
 [à la morgue du cimetière du Pecq] M. Piedelièvre, substitut, qui assistait à l'autopsie commencée à 11h15 par M. Goisque, médecin légiste de Versailles.
En déshabillant la victime, on a trouvé dans la poche du tablier un porte-monnaie contenant 38,50 frs en or, argent et billon, un reçu et une facture de viande. C'est approximativement la somme désignée par M. Soyer, comme devant être dans le porte-monnaie de la victime au moment du meurtre. Madame Soyer avait coutume de prendre tous les matins 40 frs pour ses dépenses de la journée.

L'autopsie

M. le Docteur Goisque, médecin légiste, a terminé l'autopsie à 2 heures de l'après-midi. Voici quelles en sont les conclusions.
A la tête, dans le cuir chevelu derrière l'oreille gauche, une forte contusion ayant déterminé la congestion dont serait morte la victime, si la vie ne lui avait été retirée prématurément par la section de la carotide. Derrière l'oreille droite, à quelques centimètres l'une de l'autre deux autres contusions de même nature, mais de moindre importance.
Ces trois blessures paraissent avoir été faites à l'aide d'un instrument contondant dont on n'a pu déterminer la forme exacte, mais qui ne parait pas être un siphon.
Sous le menton,du côté droit, une plaie profonde de 6 centimètres faite à l'aide du couteau retrouvé sur le comptoir. Enfin et avec la même arme, une estafilade dans le coin droit de la bouche et une déchirure de la gencive, probablement un coup ayant porté à faux.
La mort, d'après les aliments retrouvés dans l'estomac de la victime, remonte à l'heure qui à suivi le repas. Le médecin légiste n'a pu préciser l'heure, la digestion étant seulement commencée. Après ces diverses constatations, le permis d'inhumer a été délivré. L'enterrement aura lieu aujourd'hui samedi à 4 heures de l'après-midi. L'enquête étant terminée au Vésinet, le parquet a quitté les lieux à 15h30. [2]

Une demi-heure après M. Soyer rentrait à son domicile en compagnie de son père et de Madame Drouard, mère de la victime. La petite Georgette Soyer est toujours chez Madame Bourgogne, sage-femme, rue de l'église où elle a été transportée quelques instants après la découverte du cadavre de sa mère. Une foule nombreuse n'a cessé de stationner aux abords de la maison du crime pendant toute la journée, rendant presque impraticable le passage de la route. [3]

... à suivre : la recherche de l'assassin, les fausses pistes, la rumeur, ... la fin de la Gazette.

    Notes

    [1] Perpétré au coeur du Hameau du Petit Montesson, ce fait-divers devint le "Crime du Vésinet" dans la presse nationale. Le hameau du Petit-Montesson, conçu comme un quartier à vocation commerçante, plus populaire, qui s'est beaucoup développé après la guerre avec le "Lotissement des Charmettes" destiné à écouler les nombreuses parcelles invendues dans le nord-est de la commune, était encore isolé et cerné par les bois en 1901.

    [2] La Société de secours mutuels du Vésinet, dont les époux Soyer faisaient partie, assuma les frais des obsèques qui avaient attiré une foule considérable au Vésinet. Le mari, la mère et les sœurs de la victime marchaient derrière le corbillard. Des fleurs naturelles couvraient le cercueil. Venaient ensuite une délégation de la municipalité, des employés de la mairie et de la Société de secours mutuels.

    [3] Le Journal des Débats (29 septembre 1901) signale qu'une épicière, Mme Blanc, "établie non loin du débit des époux Soyer" fut trouvée assassinée chez elle ... en 1864. Le coupable ne fut jamais découvert.

Société d'Histoire du Vésinet, 2005 - 2013 - www.histoire-vesinet.org