Une Étoile
Léon François Comerre, 1882

Le tableau de M. Comerre, exposé au Salon de 1882, est devenu presque populaire, tant il a été fréquemment reproduit par la gravure. Une danseuse est assise sur un étroit tabouret de satin bleu. Elle a les bras déployés, les poings fixés sur les hanches. La jambe droite se croise au-dessus du genou de la jambe gauche, laissant les formes se dessiner dans le tissu d'un maillot rosé. Toute la jupe fait la roue derrière la ballerine.
... La danseuse a la physionomie de sa profession. Les traits du visage dénotent du courage, de la hardiesse. Si le peintre avait permis la moindre grimace de coquetterie à l'Etoile, il donnait à toute son œuvre un insoutenable accent de libertinage. Mais elle n'a conscience que de la libre allure à laquelle elle s'abandonne dans sa force pour goûter un instant de repos. Ce tableau a aussi le mérite de la difficulté vaincue. Le fond est de satin blanc, la danseuse n'est vêtue que de blanc. Un ballon de gaze rayé d'argent s'enlève sur ce décor. La poitrine, les bras, sont nus, d'un ton de chair qui rappelle le vers de Musset: "Non.la neige est moins pure et le marbre moins blanc".Il y a de l'air entre le fond et le sujet, de l'air dans ce ballon de danseuse aux étages de volants superposés et palpitants.

Critique, 1888


Société d'Histoire du Vésinet, 2004 - www.histoire-vesinet.org