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Le haut fait d'arme de Reginald Sartorius

En 1873, une invasion massive de la zone côtière de la Gold Coast (actuel Ghana) par les membres de la tribu Ashanti fut repoussée par une force britannique très inférieure en nombre, mais l'état major jugea nécessaire de monter une expédition, dirigée par Sir Garnet Wolseley, afin de bien s'assurer de la soumission complète des Ashantis. Le corps expéditionnaire fut envoyé en janvier 1874 sur Kumasi, la capitale Ashanti. Mais le 31 Janvier, à la bataille de Amoafu, les Britanniques eurent à déplorer 250 blessés face à un ennemi, presque dépourvu d'armes à feu, mais bénéficiant de l'avantage du nombre, faisant preuve d'une remarquable utilisation du terrain, et se battant avec un courage admirable. Malgré cet épisode considéré comme un revers par les britanniques, la ville de Kumasi tomba peu après et fut brûlée et rasée. En Février la guerre était terminée et la Gold Coast annexée en tant que colonie.
C'est au cours de cette campagne, somme toute peu glorieuse, que Reginald Sartorius se fit connaître et mérita la médaille qui le rendit populaire. Avec un détachement, commandé par le capitaine Glover de la Royal Navy, il était sur la rive de la rivière Volta, sur le flanc droit du dispositif britannique. Sartorius fut envoyé en éclaireur de cette colonne pour rejoindre Wolseley à Kumasi, avançant en territoire ennemi avec seulement 25 hommes et quarante "tours de munitions" chacun [1].
Pour avoir lors de l'attaque sur Abogoo, le 17 Janvier 1874, retiré sous un feu nourri le sergent-major Braimah Doctor, un Housa sous-officier, qui avait été grièvement blessé, et l'avoir porté à couvert, Reginald Sartorius reçut sa Croix de Victoria des mains de la reine Victoria, lors d'une revue à Windsor Park, le 30 Mars 1875. Cette médaille est exposée au Musée national de l'Armée, à Chelsea, Londres [2].
Avant cet épisode, le capitaine Reginald Sartorius avait déjà entamé une honorable carrière en Inde, en prenant part à la lutte contre la révolte indienne (1857-1859) avec le 72e BNI (Bengale Native Infantry), puis à l'expédition au Bhoutan en 1864-1865 avec le 5th Cavalry Bengale. Après avoir été promu lieutenant-colonel le 12 Septembre 1878, il alla combattre en Afghanistan (1878-1880) [3].

Dans ses souvenirs d'enfance, Maurice de Vlaminck évoque un général dont la propriété, voisine de celle de sa grand-mère l'avait impressionné. "La propriété qui touchait la nôtre était belle. La maison était vaste, carrée et blanche. Elle datait du Premier Empire. Le voisin qui l'habitait s'appelait le Général Remaru. C'était un vieux militaire retraité. Mes parents n'entretenaient avec lui aucune relation. Quant à ma grand-mère, elle était avec son voisin à couteaux tirés. Il lui avait offert d'acheter sa villa, parce qu'elle lui "bouchait la vue" et que notre jardin faisait "tache" dans son parc. Le Général avait une très mauvaise presse dans le pays." [4]
Ces souvenirs comportent beaucoup d'approximations et l'on n'a jamais pu identifier ce mystérieux général Remaru. Le général Sartorius est le seul officier général que nous ayons retrouvé dans ce quartier à cette époque.

Installé vers 1900 à Cowes dans l'Ile de Wight, Reginald Sartorius y est mort le 8 août 1907. Il fut enterré aux côtés de ses parents dans le cimetière de la Chapelle Ste-Mary, Sud Baddesley.

    [1] London Gazette, 27 October 1874, Abogoo, Ashantee War, 17 January 1874, Captain Reginald Sartorius, 6th Bengal Cavalry, attacked West African ( Gold Coast ) Housas.

    [2] Légende : Major General Reginald William Sartorius VC, CMG (8 May 1841 - 7 August 1907) was a recipient of the Victoria Cross, the highest and most prestigious award for gallantry in the face of the enemy that can be awarded to British and Commonwealth forces.

    [3] Ces différentes campagnes lui ont valu, la Indian Mutiny Medal (1857-58), la India General Service Medal avec l'agraffe du Bhoutan (1854-95), l'Ashantee Medal (1873-74) avec l'agraffe "Coomassie". Il fut aussi décoré de l'Ordre de St Michael & St George.
    [4] Maurice De Vlaminck, Tournant dangereux, Stock, 1929.


Société d'Histoire du Vésinet, 2011- www.histoire-vesinet.org