Texte de la fin du XIXe
siècle complété de citations tirées de "Le
Vésinet revue municipale" n°93, décembre 1990
Les Rafferon et le
manoir de Veysinel
Une famille du Pecq, les
Rafferon, a pris une grande importance à la fin du XVe siècle.
Les Rafferon sont nombreux dans toute la région. On en trouve aussi bien
à Saint-Germain qu'à Poissy et à Argenteuil. Au port d'Aupec, le quai
y est appelé "Quai des Rafferon", ce sont des laboureurs
et des vignerons. Bientôt l'un d'eux va gravir les premiers échelons de
la classe supérieure.
L'ancêtre est Marin Rafferon à qui, le 4 mars 1479, l'abbé de Saint-Wandrille
remet ses droits sur la seigneurie dudit lieu d'Aupec et ès dépendances
d'icelles (Le Pecq et le bois du Vésinet) pour la somme de 24 livres
tournois. Celui-ci la loua à bail perpétuel et transmissible en 1486.
Cet acte contient la première description des lieux :
toutes
les masures, place de colombier, terres et prés, dont la partie
desdites terres et prés sont la plupart en ruyne et buyssons et
généralement tout le lieu de Vésinel, près du port dudit lieu du
Pecq, et tout ledit lieu entretenant, tenant d'un costé à la rivière
Seyne, d'autre costé et aboutissant d'un bout au seigneur de la
Borde et par le bout d'embas au seigneur de Crocy."
Le territoire du Vésinet allait donc à
cette époque jusqu'à la Seine [1].
Marin Rafferon est un homme droit et énergique ayant l'amour de la terre
et ambitieux pour ses enfants, Jean et Michel. Il destine Jean à être
le "passager", le gérant du bac qui sert à la traversée de la
Seine. Le second fils, Michel, succède à son père. Instruit et hôte assidu
du Château de Saint-Germain, il est bientôt nommé bailly du Pecq, puis
sergent et garde de la Garenne de Glandas et, enfin, concierge en titre
du Château de la Muette, dans la forêt de Saint-Germain. Le titre de garde
ou de concierge est une fonction très honorable et très recherchée et
n'a rien de commun avec le vocable actuel, les plus grands seigneurs sont
concierges du Palais de Saint-Louis, qui est devenu le Palais de Justice;
ils habitent la partie du Château appelée depuis la Conciergerie.
On retrouve la trace de trois enfants de Michel Rafferon: Jean, Nicole
et Claude.
Nicole Rafferon épouse Claude Chiefdeville,
garde de la forêt de Saint-Germain, lui-même fils de Jacques et de
Geneviève Angelart.
Jean Rafferon qui fut curé du Pecq
et seigneur du Vésinet.
Claude Rafferon, auquel Jean vendit
ses droits sur le fief du Vésinet.
En 1511, un acte de dénombrement des possessions
de Saint-Wandrille parle d'un manoir :
Et
sy avons outre Sayne, du costé devers Paris, ung autre manoir dict
Voysinel, où il y a plusieurs terres labourables, prez..."
Il était localisé à l'emplacement du 1-3,
avenue de Verdun, au Pecq. Cette dénomination revient dans les descriptions
ultérieures; celle de 1541 indique :
Lequel
lieu de Vesynel et terre d'icelluy [...] se consister en ung petit
manoir de maisons et petites estables couvertes de chaume...".
En 1538, le 2 janvier, Claude Rafferon [Raffron] succède à son père avec le titre de "sergent de la forêt de Saint-Germain-en-Laye et garde du Repos-Tonnelet en ladite forêt." Gilles Raffron reçoit la même année, le 26 décembre, le titre de "sergent royal de la garde de la Garenne, avec la conciergerie de la Meute (Muette), dans la forêt de Saint-Germain".
En 1551 c'est un autre fils ou un neveu
de Michel, Nicolas Rafferon, qui sera prévôt du port du Pecq.
Sur le détail de cette carte (De Beaulieu, ~1600) datant de l'époque de la construction du Château-Neuf d'Henri IV, on note le « désert » sur la rive Est de la Seine, entre la bâtisse symbolique au pied du pont et le domaine de la Borde.
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Références bibliographiques additionnelles :
— Catalogue des actes de François Ier. Tome 3, Marichal, Paul (1870-1945) Impr. nationale, Paris, 1887-1908
— Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise. Capitaines et gouverneurs, maîtrise et gruerie. Dulon, J. chez C. Lévêque , Saint-Germain-en-Laye, 1899
Notes :
[1] A cette époque, le nom de Vésinet n'est pas encore fixé. On en trouve différentes formes dont Vesigneul, vézinet ou Veysinel. Il ne désigne alors qu'un groupe de huttes de bûcherons venus d'Aupec pour défricher la partie de la forêt la plus proche de la Seine. [Les Seigneurs du Pecq et du Vésinet, L. Bigard, Versailles, 1925].