Le mur des Garennes (2)
Prolongement à Montesson

Les lapins commettaient force ravages dans les bois; un arrêt du 26 janvier 1764 ordonne leur destruction, le recoupage des bois, taillis, ainsi que leur replant. Mais le Maréchal de Noailles mit très peu d'empressement à détruire les rongeurs et l'arrêt resta lettre morte.
Sous Louis XVI, dans la partie sud de la forêt qui avoisine le village de Croissy, on commença le défrichage de quelques fractions de la garenne royale pour les livrer à la culture du tabac. Une ferme, longtemps exploitée par le sieur Debeau, fut construite et mise en valeur. Le reste de ce domaine devint la dotation de M. le Comte d'Artois, en même temps que les bâtiments et dépendances du Château-Neuf.
Ce prince donna de nouveaux soins aux murs de la forêt et à la Faisanderie où existait un rendez-vous de chasse. A cette époque, le gibier occasionnait de grands dégâts sur la paroisse de Montesson, si l'on en croit le syndic Jacques Chicanneau, alors en exercice, qui représenta à l'assemblée réunie pour délibérer sur les affaires de la communauté:

"Que les paroisses de Chatou et de Croissy, ayant obtenu la permission de fermer le bois du Vésinet par un mur, il était de toute nécessité que la paroisse de Montesson sollicitât la même faveur auprès de l'administration provinciale; que le sol de cette paroisse étant plus ingrat et ne rendant à ses cultivateurs quelques productions qu'à force d'engrais, le gibier de la plaine enlevant une partie de ces productions, les maux seraient encore aggravés par le lapin, le daim et le chevreuil de la forêt qui, ne trouvant point d'issue pour se porter sur les territoires de Chatou et de Croissy, se jettent sur celui de la Borde et de Montesson et dévastent toutes les productions; que d'après ces conditions, il croyait qu'il était du bien et de l'avantage de la paroisse de faire également une clôture pareille sur ce qui reste de la Forêt du Vésinet dans l'étendue du territoire de la Borde, dépendant de cette paroisse, jusqu'à la rivière de Seine, s'il plaisait au roi et à l'administration provinciale de lui accorder la même faveur".

Cette supplique fut entendue. Montesson fut autorisée à édifier un mur, à partir du mur de Chatou, vers la pointe des Courlis, jusqu'à la Seine. La dépense votée le 28 décembre 1788 devait s'élever à 4 360 livres 10 sols payables en quatre années et pris sur les biens-fonds appartenant à la communauté (Montesson, Archives municipales). Après de nombreuses récriminations, le mur de clôture fut enfin construit et coûta 32 000 livres, somme que les habitants sur le cahier de doléances de 1789 déclaraient ne pouvoir payer.
Pendant longtemps on a pu voir au Vésinet des vestiges de l'ancien mur, une partie de celui-ci suivait à peu près le tracé du Boulevard des Etats-Unis. Après la guerre de 1914-1918, on en trouvait encore une partie vers l'avenue Alfred de Musset.


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