La Forêt d'Yveline (Texte de la fin du XIXe siècle)
L'Yveline, (Silva Equalina, Aquilina, Equalina,
Evelina, Acquilina, du latin aqua, eau, qui a fourni à notre
ancienne langue les vieilles formes eve, ive, etc., eau, qu'on retrouve
dans un grand nombre de noms de lieux français), la plus grande forêt
de la Gaule, s'étendait à dix ou douze lieues à la ronde sur les environs
de Paris et se prolongeait fort au delà sur tout le nord. Bois sacré des
Druides, l'Yveline abritait dans ses parties élevées les prêtres gaulois,
qui, le gui en main, les croix dressées, les bûchers allumés, ne laissaient
approcher des hauteurs mystérieuses ni le conquérant ni l'envahisseur.
Et la forêt de Saint-Germain ou de Laye, le Ledia, Lea, Leya,
comme l'appellent les anciens, placée sur la hauteur la plus proche du
Vésinet, devint le repaire sacré d'une religion qui la protégeait, tandis
que cette même religion laissait à l'aventure les plaines et les bois
des parties basses.
C'est ainsi que, lorsque les Barbares envahirent la Gaule, les vallées
ouvertes et les bois, furent témoins et complices de ces hordes qui n'osaient
s'aventurer sur les plateaux. Et quand les Romains, conquérants à leur
tour, pénétrèrent dans les montagnes pour y étouffer dans le sang les
derniers germes du druidisme, ils
étaient déjà maîtres des plaines.
Envahisseurs et conquérants contournèrent donc successivement la forêt
de Laye, au nord et au sud, et ne foulèrent la forêt du Vésinet, que
lorsque, descendant de Pontoise ou de Mantes, ils venaient ravager les
environs de Paris; ou lorsque, partant de l'ancienne Lutèce, ils se répandaient
sur l'ouest ou se dirigeaient vers les îles.
Quoi qu'il en soit de ces âges
éloignés, la forêt du Vésinet n'en a conservé aucune trace .
Un seul objet cependant, datant de ces temps, a été trouvé dans les fouilles
de terrains faites dans le bois du Vésinet en 1863. C'est une petite
hache celtique en silex, recueillie par M. Lepant, conducteur des travaux
de terrassement de la Société du Vésinet. Cette hachette mesure 13 centimètres
sur 6. Elle est en parfait état et fut trouvée vers l'emplacement occupé aujourd'hui
par la place du Marché. En dehors de cette antiquité, nous n'avons eu
connaissance d'aucune découverte remontant à ces âges primitifs. [§]
Hachette de pierre
(13 x 6 cm) datée du "néolithique final" (G. Poisson, Curieuse histoire du Vésinet)
[§] Les importants
travaux de terrassement effectués lors de la fondation du Parc du
Vésinet ont donné lieu à diverses découvertes, rapportées en 1924
par Camille
Flamarion et
complétées par d'autres sources.