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Charles Henri van Langhenhoven
Premier commissaire de police du Vésinet

Peu après son élection en 1908, le maire Gaston Rouvier, grâce à une souscription demandée aux habitants et après de multiples démarches [1], ouvre le premier poste de Police du Vésinet. La création de cette police nouvelle constitue une des réformes prévues durant la campagne électorale par les candidats de l'Union républicaine et radicale. « Cette police comprendra quatre gardes qui seront aidés des gendarmes ; deux de ces gardes seront accompagnés de chiens de police, ils auront à effectuer des rondes de jour et de nuit dans le Vésinet, et seront un tiers du temps en service et deux tiers au repos. Ces gardes dans leurs tournées de nuit marcheront par deux, seront en civils, mais armés; comme contrôle, les gares du Pecq et du Vésinet posséderont un registre sur lesquels ils marqueront leur passage. Cette police sera sous la surveillance de M. Carrette, commissaire de police de Saint-Germain-en-Laye. » [2]
Un peu plus tard, on apprendra que cette police « est organisée sur le modèle de celle de Paris, que tous les agents ont reçu chacun une bicyclette qui leur permet de parcourir d'une façon active et rapide l'étendue considérable de cette localité ». Il leur a été adjoint des chiens de police, race Groëndal, importés directement de Belgique. [3]

Pour commander cette brigade, on recrute un jeune homme de 28 ans, Charles Henri van Langhenhoven (à droite) qui lui, malgré son patronyme, ne vient pas de Belgique.
Né à Colombes (Seine) le 3 août 1881, il est le fils d'un cocher de fiacre parisien. Ses parents, Charles Auguste van Langhenhoven et son épouse Augustine, sont domiciliés à Paris, 5 rue Pierre Charron.
En octobre 1907, Charles Henri épouse Marie Hanne. Ils s'instalent en 1909 au Vésinet, 19 avenue des Ecoles (actuelle av. Jean Mermoz). Marie van Langhenhoven est alors couturière. [4]

Ce développement de la police n'est pas du goût de tout le monde. " Autrefois, quand la villégiature venait très nombreuse au Vésinet, peut-on lire dans une feuille locale, on n'y connaissait que deux gardes au costume forestier, aux allures pacifiques. Aujourd'hui, la villégiature fuit vers le plus sûr et le moins cher ; cela n'a pas empéché de voir augmenter le nombre et se militariser l'allure de nos agents. Y a-t-il plus à faire ? L'administration seule peut le dire. Ce qu'il y a à faire est-il mieux fait ?... La population depuis quelque temps paye pour le savoir, mais parait en douter. [5]

Le jeune brigadier ne se doute peut-être pas de ce qu'il va connaître. En quelques mois, il est confronté à des affaires sanglantes ou des circonstances difficiles à gérer. Des scènes de crime où il doit faire les premières constatations, l'afflux de badeaux et de journalistes autour de personnages du tout-Paris mèlés à des faits-divers, des enquètes criminelles difficiles au cours desquelles il pourra côtoyer les grands flics de la Police Mobile, à commencer par le mytique M. Faivre, le patron des célèbres Brigades du Tigre.
Il trouve son heure de gloire dans l'affaire Vermeersch. Partisan dès le début de l'affaire de l'hypothèse de l'assassinat, il n'aura de cesse d'orienter les recherches dans ce sens. L'affaire étant du ressort des policiers de la Mobile, il n'a pourtant qu'un rôle de second plan. Mais il triomphe lorsque le cadavre du rentier est retrouvé enterré dans son jardin, en juin 1911.

Ce « brigadier de police au nom belge mais excellent Français » [6] est loué par toute la presse pour son obstination et sa clairvoyance. Il apparait, en première page du Petit Parisien, le 27 juin 1911, photographié (ci-dessus) devant la fosse d'où le cadavre de Vermeersch va d'être retiré.

La brigade de police du Vésinet s'illustre dans plusieurs autres affaires plus locales : arrestation de criminels, d'un saboteur des lignes téléphoniques, démantellement de bandes organisées de cambrioleurs, opérations parfois difficiles. Au cours d'une interpellation mouvementée, le brigadier est même légèrement blessé à la jambe par le tranchet d'un malfrat spécialisé dans l'agression de femmes seules, en mars 1912. [7]
Réélu en mai, le conseil municipal, dans sa séance du 22 décembre 1912 vote la création d'un commissariat de police au Vésinet à dater du 1er janvier 1913. Le nouveau poste est attribué à M. van Langhenhoven. Par décret en date du 15 janvier 1913 (Journal Officiel du 19 janvier), rendu sur la proposition du Ministre de l'Intérieur, Il est créé au Vésinet un commissariat de police de 4e classe. M. van Langhenhoven, Charles-Henri, candidat civil admis, est nommé commissaire de police de 4e classe au Vésinet, ces mesures ayant eu leur effet à partir du 16 janvier 1913. [8]
Peu après, la mort de l'éthéromane Pierrette Fleury, et ses suites constituant l'affaire des poisons du Vésinet viendront occuper le nouveau Commissaire.

Entré dans la police nationale avec le grade de Commissaire de police de 4e classe le 16 janvier 1913, M. van Langhenhoven poursuit une très honorable carrière. Elévé à la 3e classe au Vésinet en 1916, il quitte notre ville en 1917 pour entrer dans la police des chemins de fer (affectation spéciale pour le temps de la guerre). Il est basé au Havre puis au Tréport.
Nommé dans l'Oise à Creil en 1920 (il accède à la 2e classe vers 1922) puis à Compiègne où il reste jusqu'en 1928. Il y sera promu deux fois, en 1ère classe puis en classe exceptionnelle.
Affecté ensuite à Tours (hors classe, 3e puis 2e catégorie) il y termine sa carrière, chargé des délégations judiciaires. Il fait valoir ses droits à la retraite en 1935 et reçoit l'honorariat (22 septembre 1935). En 1937, il est décoré de la Médaille de la Police française (décret du 17 novembre 1936). [9]

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    Notes et sources:

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    [1] Bulletin Municipal, n°14, Décembre 1969.

    [2] 3600 frs en 1908. L'Avenir de Saint-Germain, 20 décembre 1908 et 24 janvier 1909.

    [3] Le Journal, n°6032, 2 avril 1909.

    [4] Archives départementales des Hauts de Seine et des Yvelines.

    [5] Coupure de presse sans titre, marquée "1910". Collection SHV.

    [6] Gil Blas, 13 décembre 1911, et 19 juillet 1912.

    [7] Le Gaulois, n°12567, 11 mars 1912.

    [8] Journal Officiel de la République, 19 janvier 1913.

    [9] ibid. 1916-1937.

     


Société d'Histoire du Vésinet, 2014 - www.histoire-vesinet.org