D'après la chronique judiciaire de Georges Claretie (Le Figaro, juillet 1910)

Le procès de Marie Bourette

"L'homme jaloux a recours au fer, et la femme au poison", écrivait jadis Guy Patin dans une de ses lettres. Si Marie Bourette, que la Cour d'assises va juger aujourd'hui, est coupable, et l'acte d'accusation contient des charges terriblement graves, il semble bien que ce soit la jalousie qui lui ait fait commettre le crime dont a été victime, par hasard, l'infortuné M. Godard, ténor de l'Opéra. Jalousie toute particulière et presque maladive, qui n'est pas la colère de la maîtresse abandonnée et qui se venge, mais jalousie de vieille fille voyant les années implacables venir, les cheveux blancs se mêler aux mèches blondes et, un à un, s'évanouir tous les rêves de bonheur et de vie à deux qu'elle avait pu former, s'irritant aussi devant le bonheur des autres et mettant comme une sorte d'âpre volupté à vouloir le détruire.
Il y aurait pour un médecin comme le docteur Refié Charpentier, qui a spécialement étudié tous les "cas" d'hystériques empoisonneuses, une monographie curieuse à écrire de cette névrosée qui va comparaître devant le jury. Et l'on ne s'explique guère que le juge d'instruction n'ait pas fait examiner Marie Bourette par les médecins aliénistes elle semble en effet présenter tous les symptômes de cette névrose qui fait souvent des femmes de monstrueuses criminelles.

Haine de vieille fille (Georges Claretie)

 Cour d'assises de la Seine, 12 juillet 1910 [rappel des faits selon l'instruction].

En 1900, Marie Bourette avait trente ans, elle avait, un à un, perdu tous ses parents et était seule au monde. Elle avait quelques petites rentes qui, ajoutées au produit de son travail aux magasins du Louvre où elle était employée, représentaient 7.000 francs de revenu.
Sa vie était simple, modeste, régulière. Chaque matin, Marie Bourette quittait son petit appartement du boulevard Voltaire, qu'elle avait meublé, décoré avec un certain goût, et elle y rentrait, sa journée de travail terminée. Si Jenny l'ouvrière avait eu les rentes de Marie Bourette son bonheur eût été parfait. Mais Marie Bourette n'était point heureuse. Auprès d'elle ni amie, ni confidente, personne. Nul ne pénétrait dans son intérieur où elle vivait en recluse. Elle était jeune encore pourtant, et aurait pu trouver à se marier; ses camarades de magasin avaient en riant fêté la Sainte-Catherine, songeant au mari de demain. Toute cette atmosphère de jeunesse, de gaieté, qui met de la couleur aux joues, des rires sur les lèvres et du soleil dans les yeux des midinettes, à l'heure où elles s'égaillent comme des oiseaux dans les rues de Paris, laissait Marie Bourette triste et rêveuse. Elle souffrait de la joie des autres. Et, sous ses apparences de calme, cette femme qui quotidiennement sortait et rentrait à heures fixes, réglant sa vie avec une régularité d'horloge qui faisait l'admiration des voisins et des concierges, cachait une âme rongée de jalousie.
Les unes souffrent en silence et se résignent d'autres mettent leur suprême joie à voir et à faire souffrir. Marie Bourette était de celles-là. Apprend-elle qu'une camarade du Louvre ou une voisine allait se marier, bien vite elle écrit à son fiancé des lettres anonymes injurieuses pour empêcher le mariage. Lit-elle dans les faits-divers qu'un crime vient d'être commis, elle prend sa plume et dénonce à la préfecture le futur beau-frère de sa camarade comme l'assassin.
Tout ceux qui la connaîssent reçoivent des lettres anonymes méchantes et ordurières. Sa joie est de brouiller les ménages, de troubler les familles. Elle a, comme les hystériques, la manie du mensonge, du "potin". Si elle est solitaire et parle peu, par contre elle écrit beaucoup. Rachel Galtier, l'empoisonneuse d'Auch, mettait aussi son plaisir à écrire des lettres anonymes de dénonciation. Les hystérisques vivent, en effet, dans une sorte de quiétude absurde, se croyant tout permis et croyant toujours être à l'abri du soupçon. "L'empoisonneuse, disait le professeur Brouardel, en parlant de La Brinvilliers, "est une amorale infantile."
Un jour, un homme passa dans sa vie Oh! bien peu, très peu mais l'âme tourmentée de Marie Bourette avait formé des rêves d'avenir. C'était en 1901.
Un fabricant de meubles, M. Doudieux, venait souvent aux magasins du Louvre acheter des marchandises. Il avait aperçu la jeune femme et lui avait souri. Sourires, propos banaux, bientôt un peu plus tendres sans doute. Quelques rendez-vous dans un café à la sortie du magasin. Et ce fut tout, absolument tout, paraît-il. M. Doudieux était garçon, il cherchait l'aventure; Marie Bourette était honnête et désirait le mariage. Le marchand de meubles fit des promesses matrimoniales polies et vagues. Il n'avait à ce moment nulle envie de se marier; ses visites au Louvre et ses rendez-vous ne le menaient à rien, et il cessa de revoir la jeune femme qui n'avait tenu nulle place en sa vie.
Et l'existence continue, semée d'aventures pour Marie Bourette, toute simple et toute droite pour M. Doudieux. Marie Bourette fut renvoyée des magasins du Louvre; on l'avait surprise en flagrant délit de vol d'étoffe. Le docteur Charpentier nous dira que le vol est fréquent chez l'empoisonneuse, comme du reste le romanesque, la manie d'écrire, et l'envoi de lettres anonymes. Ce sont, peut-on dire, des symptômes à la fois judiciaires et cliniques de l'empoisonneuse hystérique. Aussitôt, Marie Bourette songe à se venger de Mme Chiappe, son chef d'atelier. Elle se procure des marchandises, les dépose chez un commerçant et écrit au commissaire de police que Mme Chiappe vole au Louvre et recèle les produits du vol dans une boutique.
Depuis dix-huit mois, M. Doudieux n'a point revu Marie Bourette. Il ne songe plus à elle et se marie. Il a bien, lors de ses fiançailles, reçu une foule de lettres anonymes; il n'y a point fait attention et n'a pas un instant pensé à les attribuer à la jeune femme du Louvre, dont le souvenir fut bien vite effacé. Il est marié depuis six mois, lorsqu'il reçoit une lettre signée "Larenaudin" lui reprochant d'avoir "oublié la blondinette vue deux ans auparavant" et lui conseillant de divorcer. Mme Doudieux, a son tour, reçoit des lettres injurieuses.
Mais M. Doudieux est un homme calme (nous verrons qu'il le fut trop) il ne s'émeut de rien. Il ne s'émeut jamais. Mais il ne se connaît pas d'ennemis. Il avait cependant près de lui, la plus redoutable des adversaires. Pendant des années et des années, Marie Bourette va le suivre pas à pas, en silence, dans l'ombre, l'épier, au courant des moindres faits de sa vie, ruminant une vengeance longuement, froidement, contre cet homme qui n'a point voulu l'aimer. Sa haine s'exacerbe avec les années, avec chaque cheveu blanc ou chaque ride que lui renvoie son miroir implacable. Elle se sent vieillir, aigrir, se faner, se dessécher dans sa solitude; autour d'elle, ses camarades se sont toutes mariées; marié aussi, M. Doudieux, qui aurait pu l'épouser, peut-être. Elle murmure comme Oreste: "Mon innocence enfin commence à me peser". Si M. Doudieux la revoyait, qui sait, peut-être consentirait-il à l'aimer ? Elle le croit, elle l'espère et elle lui écrit. C'est en 1907. M. Doudieux reçoit la lettre signée "Marie Bourette". Marie Bourette, ce nom ne lui représente rien. Il cherche dans ses souvenirs; non, décidément rien. Elle va le voir; il reconnaît alors l'employée du Louvre qu'il n'a point vue depuis plusieurs années. Marie Bourette lui explique qu'elle à été renvoyée du Louvre, qu'elle cherche une place; qu'elle est seule et ne s'est point mariée. Elle demande, quémande, insiste, devient violente. M. Doudieux trouve que ce qui ne fut même pas une aventure de jeune homme devient terriblement ennuyeux pour un homme marié, il la prie de ne plus venir le voir et de ne plus lui écrire. Elle n'avait point tenu assez de place dans sa vie pour qu'il s'occupât plus longtemps de cette femme devenue singulièrement "collante".
Marie Bourette s'irrite et lui dit "Oh ! si jamais quelqu'un me faisait des misères, je l'empoisonnerais! Ce n'est pas difficile". "C'est abominable, s'écrie M. Doudieux, surtout ne revenez jamais". Il ne la reverra pas. Mais, lorsqu'il rentrera chez lui, le soir, au Vésinet, il y aura parfois auprès de lui, tapie dans l'ombre, sans qu'il s'en doute, Marie Bourette qui le guettera.
Un jour, au mois de septembre 1908, M. Doudieux reçoit une boîte de chocolats, qui porte l'étiquette de Bourbonneux, le pâtissier de la place du Havre. Mme Doudieux va manger un chocolat, lorsqu'elle s'aperçoit qu'il se casse en deux; l'intérieur lui paraît bizarre. Le lendemain, M. Doudieux porte les bonbons chez le pâtissier : "Avez-vous vendu cette boîte?"
- La boîte vient bien de chez moi, mais je ne vends pas de ces chocolats. Portez-les donc au laboratoire municipal." Là, on les analyse. Ils contiennent une dose formidable d'arsenic. II semble qu'après le propos tenu par Marie Bourette, M. Doudieux aurait dû immédiatement la soupçonner. Il paraît qu'il n'y aurait pas songé un seul instant, et ceci peut paraître un peu léger.
Un seul de ces mystérieux chocolats aurait pu tuer quelqu'un. M. Doudieux avait donc un ennemi terrible. Il fallait déposer une plainte, chercher, trouver cet ennemi. M. Doudieux, nous dit l'acte d'accusation, oublia cet envoi mystérieux de chocolats empoisonnés. Un an, après, le 13 octobre 1909, la bonne de Mme Doudieux trouve sur un massif du jardin un petit paquet enveloppé de papier. Mme Doudieux l'ouvre. il contient deux cachets d'antipyrine, des têtes de camomille et des sels de Vichy. Les noms des médicaments sont soigneusement écrits.
C'est une erreur du pharmacien sans doute, qui réclamera son paquet...On range les médicaments au fond d'un tiroir, puis on n'y songe plus.
Le 21 octobre, M. et Mme Doudieux sont allés déjeuner chez un voisin, M. Mignonnot, qui a invité M. Godart, le ténor de l'Opéra, et sa femme. Après déjeuner, on va tous ensemble en automobile à Juvisy voir la grande semaine d'aviation. Au retour, M. Godart a la migraine, c'est le grand air sans doute. Comme il est tard et qu'il souffre, il demande aux Doudieux la permission de rester chez eux jusqu'au lendemain. Un cachet de pyramidon lui ferait du bien, mais M. Doudieux n'en a pas. "J'ai bien de l'antipyrine, dit Mme Doudieux; je vais vous l'apporter." M. Godard hésite il n'a pas l'habitude de prendre de l'antipyrine. Mais il est quatre heures du matin, il souffre vraiment trop et prend deux cachets. A sept heures, la douleur est intolérable. Ce n'est évidemment plus une simple migraine. Il prend du café noir. La souffrance augmente. Ses membres se raidissent, se contractent comme dans les attaques d'épilepsie. Ce ne peut être qu'une indigestion, dit le médecin; il faut vous purger. Or M. Godard n'avait rien mangé à dîner.
A trois heures il est secoué, tordu par d'effroyables convulsions; à quatre heures, il était mort. "Crise foudroyante d'urémie" diagnostiqua le médecin. Et M. Doudieux ne pense pas un instant aux cachets d'antipyrine.
Le malheureux est enterré. On a transporté son corps en Belgique, personne n'a songé à l'empoisonnement possible lorsqu'au mois de novembre, M. Doudieux reçoit un colis, un panier contenant des moules, expédié, dit l'étiquette, par " M. Larue, fabricant de meubles à Caen". Or, depuis bien des années, M. Doudieux n'est plus en relations avec M. Larue; il lui écrit et celui-ci répond: "Jamais je ne vous ai envoyé de moules." Alors M. Doudieux songe aux chocolats empoisonnés et il porte les moules au laboratoire municipal. Comme les chocolats, elles contiennent de l'arsenic, cet arsenic si facile à se procurer et qu'au temps de Charles le Mauvais on trouvait déjà "partout ès boutiques d'apothicaires".
Cette fois, M. Doudieux dépose une plainte et le Parquet agit. On retrouve la feuille d'expédition écrite au bureau des messageries de la rue de Saint-Petersbourg. Elle est de la main de Marie Bourette. Chez elle on a trouvé des brouillons de lettres anonymes où elle parle de Mme Doudieux : "Tu ne peux donc pas lui donner une boulette de strychnine et te débarrasser de cette viande pourrie?"
Une perquisition a fait trouver chez Marie Bourette une grande quantité de strychnine et d'acide arsénieux. Elle collectionne les poisons. Il y a, dans ses armoires, des cachets contenant de l'antipyrine mélangée à de la strychnine et à de l'arsenic, et les noms des médicaments sont écrits de la même écriture que ceux du paquet reçu par M. Doudieux. Chez elle, on trouve encore du rhum empoisonné, comme l'étaient aussi les sels de Vichy déposés dans le jardin du Vésinet.
On exhume le cadavre de M. Godard, il contient de l'arsenic. Et, malgré ces charges écrasantes, Marie Bourette nie. Elle nie tout avec cette ténacité caractéristique chez l'empoisonneuse car il est presque sans exemple qu'une empoisonneuse ait avoué son crime. Quelle sera son attitude, sa défense devant le jury ? Verrons-nous une vieille fille farouche et haineuse, une de ces vieilles filles sinistres dont parlait Vallès avec rage dans Jacques Vingtras ou simplement une douloureuse créature qui a souffert de ses rêves d'amour inassouvis ?
L'audience sera présidée par M. le conseiller Brégeault, l'accusation soutenue par M. l'avocat général Servin, et Marie Bourette sera défendue, par Me Henri-Robert.

 Cour d'Assise de la Seine, 13 juillet 1910

Les empoisonneuses n'avouent jamais, disions-nous hier. Le verdict qui sera rendu ce soir, seul nous permettra de dire si Marie Bourette fut ou non une empoisonneuse. Mais, en attendant, elle nie, non seulement le crime, ce qui est le droit de tout accusé, mais encore les choses, les plus simples les plus évidentes. IL n'est pas un témoin, pas un seul, avec lequel elle ait été d'accord. Elle nie tout, en riant, avec l'entêtement maladif de certaines hystériques. La blanchisseuse, par exemple, l'a vue écrire sur son carnet de blanchissage. Elle répond que ce n'est pas vrai, et que les lignes qu'on lui montre sont au contraire tracées par sa blanchisseuse. Il est vrai que cette écriture devait servir à une expertise. "Je vous ai vue, dit un autre témoin, venir au magasin de la rue Gerbier demander à parler à M. Doudieux". "Comment l'aurais-je fait? répond Marie Bourette, avec une voix très douce, puisque je ne connais même pas la rue Gerbier!" Et lorsque le président lui fait remarquer que sa réponse n'est guère probante; elle se fâche, devient violente, s'irritant de ce qu'on mette sa parole eu doute et elle se lance dans un interminable récit, romanesque, où elle se représente comme une victime. "Quelqu'un lui en veut. Quelqu'un la hait, et la persécute. Quelqu'un..." "Qui?" demande le président. "Mais, quelqu'un!"
On a trouvé chez elle de grandes quantités de poison. "Jamais je n'en ai acheté, répond Marie Bourette. Mais on peut bien en avoir, qu'est-ce ça prouve. Ainsi, M. Doudieux en avait chez lui, puisque M. Godart est mort empoisonné." Singulier raisonnement qui frise l'incohérence. Quelqu'un qui m'en veut l'a fait déposer chez moi. Un jour on m'a pris mes clefs, on a dù en faire de fausses et pénétrer chez moi.
"Mais, réplique M. le président Brégeault, vous auriez dû voir dans votre armoire ces médicaments. Ils auraient dû attirer votre attention. D'ailleurs, dans quel but aurait-on déposé ce poison ? -Pour m'empoisonner.
C'est là un système de défense un peu incohérent, car aussitôt Marie Bourette est forcée de reconnaître qu'on a trouvé chez elle des brouillons de lettres anonymes adressées à M. Doudieux, des dénonciations écrites contre une dame Chiappe et ses beaux-frères; tout cela écrit sur du papier portant l'en-tête du bal Tabarin où elle était employée.
La personne qui aurait voulu vous tuer, fait remarquer le président, aurait aussi voulu du mal à M. Doudieux et à Mme Chiappe ?
Je n'ai pu écrire ces lettres car je ne connaissais pas l'adresse de M. Doudieux.
Ces réponses sont singulièrement déconcertantes. Le physique de Marie Bourette ne l'est pas moins. Nous nous figurions une vieille fille rêveuse, attristée de ses songes d'amour déçus, de ses espoirs de jeunesse envolés, ou bien encore une vieille fille devenue revêche et hargneuse dans son célibat prolongé. Pas du tout; c'est au contraire une grosse et grasse fille blonde tout en rondeur, toute en boule, avec une énorme poitrine, avec une large figure toute ronde et joviale, où de petits yeux gris clignotent dans des bajoues reluisantes de graisse et à demi enfoncés dans la chair. Et au milieu de ce visage, qui semble n'avoir jamais eu ni jeunesse, ni fraîcheur, un large nez très court et relevé en pointe, fort disgracieux.
Celle qui dans ses lettres s'appelait "la Blondinette du Magasin du Louvre" nous apparaît comme une matrone hors d'âge, mais fort gaie. Elle est laide, plus que laide, de cette laideur désagréable, hostile, que ne parvient même pas à éclairer de temps à autre le rire. Car elle rit largement, lourdement, mais ce rire sonne faux; il irrite, car il est d'autant plus sonore qu'on relève contre l'accusée une charge redoutable ou qu'un témoin fait une déposition gênante. Rien ne la déconcerte, elle préfère une réponse absurde à un moment de silence. Cette figure étrange, surmontée, d'un de ces immenses chapeaux prétentieux et ridicules ornés de plumes noires tombant de tous côtés et qui faisaient notre joie jadis quand, sur la scène, les arborait Mme Macé-Montrouge, nous égaierait si la terrible accusation qui pèse sur Marie Bourette ne rendait cette physionomie singulièrement inquiétante.

Marie Bourette aux Assises

Cette figure étrange, surmontée, d'un de ces immenses chapeaux prétentieux et ridicules ornés de plumes noires ... nous égaierait si la terrible accusation qui pèse sur Marie Bourette ne rendait cette physionomie singulièrement inquiétante.

photographie de presse
Agence Rol,
n°10989,
1910.

Que cache ce rire nerveux et déplacé ? Marie Bourette a-t-elle aimé, et fut-elle jalouse du bonheur de M. Doudieux ?
La jalousie expliquerait tout. "Que devons-nous faire, nous autres hommelets ?" disait Montaigne en parlant de la femme jalouse. "Tempeste de la femme est un mal qui ne s'emporte jamais qu'en emportant la pièce". La femme amoureuse et jalouse est capable de tout contre les pauvres "hommelets" qui la dédaignent. D'après la lecture de l'acte d'accusation, une version était possible: Marie Bourette avait aimé M. Doudieux, celui-ci lui avait un peu trop légèrement parlé de mariage. Puis il avait oublié la "blondinette", s'était marié avec une femme jeune et jolie, et Marie Bourette, se sentant vieillir, devenue laide, avait voulu se venger. L'explication était trop simple. Ce ne sera pas, en tout cas, celle de l'accusée.
M. Doudieux est venu à la barre nous raconter sa petite aventure de jeunesse, qui se termina en mélodrame. M. Doudieux a trente-cinq ans; il est mince, élégant, joli garçon:
 – J'allais, vers 1901, souvent au Louvre, et j'y vis Marie Bourette. Je lui adressai la parole, lui demandai un rendez-vous. J'étais garçon, n'est-ce pas ?
Et il souligne par un geste que faire la cour à une femme est chose toute naturelle. Alors, dit M. Doudieux, on cause mariage. C'est lui qui en aurait parlé le premier, Marie Bourette ne voulant pas se marier. La proposition de mariage n'aurait été pour lui qu'un "moyen de parvenir". Je n'ai pas sérieusement, en effet, parlé de mariage.
 – Peut-être espériez vous une simple bonne fortune ? dit M. Brégeault.
 – Parfaitement, répond le témoin avec sincérité.
Et comme les quelques rendez-vous obtenus, les quelques apéritifs pris de compagnie, au café, à la sortie du Louvre, ne le menaient à rien, il se maria et oublia tout à fait Marie Bourette.
 – Ce n'est pas vrai, répond l'accusée. Il m'aimait. Il m'a sérieusement parlé de mariage. Je l'ai écouté parce que ce n'était pas là chose malhonnête. Mais j'ai demandé à réfléchir. J'ai réfléchi, et j'ai refusé. J'étais trop âgée pour lui, j'avais cinq ans de plus et pas assez de fortune. Il voulait passer outre. Après son mariage, il m'a relancée, poursuivie, il m'a offert mon loyer, une bague, un lavabo et un voyage à Nice.
 – Mais c'est faux ! réplique M. Doudieux. Non, vous m'avez cherchée et chaque fois vous me sautiez au cou dans la rue en me disant "Je t'aime".
Et Marie Bourette rit aux éclats.
 – Mais pas du tout, c'est au contraire vous qui m'avez fait demander à mon magasin, et après vous avoir reçue, avoir entendu vos propos violents, où vous menaciez de tuer, d'empoisonner, je vous ai déclaré que je ne voulais plus vous voir."
 – Ce n'est pas vrai, et je vous défends de dire une chose comme ça (Murmures).
A l'entendre, Marie Bourette aurait été en quelque sorte poursuivie par M. Doudieux après son mariage, et le jaloux serait M. Doudieux. Il aurait eu, en tout cas, singulièrement mauvais goût. Mme Doudieux, fine, jolie, distinguée, a déposé, et la comparaison des deux femmes n'était certes pas à l'avantage de Marie Bourette. L'accusée a l'art de transposer les dates. Un témoin lui dira avoir cessé toutes relations avec elle depuis son départ du Louvre; elle répondra "Mais vous m'avez pourtant reçue chez vous.
 – Oui, mais l'année d'avant."
Elle dira à M. Doudieux: "La preuve que vous m'aimiez, c'est que vous m'avez embrassée.
 – Oui, mais du temps du Louvre, et non pas depuis mon mariage."
Malgré les lettres anonymes, les chocolats, les moules à l'arsenic, malgré la mort de M. Godart, jamais M. Doudieux n'avait soupçonné Marie Bourette; il fallut le hasard d'une rencontre au mois de décembre. M. Doudieux était en voiture rue Pigalle, il aperçoit Marie Bourette qu'il n'a point vue depuis fort longtemps. Il descend pour lui parler; celle-ci se réfugie sous une porte cochère. Il est frappé de son attitude, bizarre, de ses regards anxieux et, le lendemain, il dépose contre elle une plainte au Parquet. A partir de ce jour, il l'avait soupçonnée.
 – Je ne me sauvais pas, répond l'accusée, puisque je rentrais de mon travail. C'est M. Doudieux qui ne fut pas poli avec moi. Il me posa des questions indiscrètes, me demandant si j'étais mariée.
Il semble bien au contraire que, depuis le mariage de M. Doudieux, Marie Bourette l'ait épié, suivi. Un jour elle s'est présentée chez lui, au Vésinet, et a demandé à parler à sa femme, mais Mme Doudieux lui ayant demandé son nom et Marie Bourette ayant refusé de le donner, ne fut point reçue. "Je la reconnais, je n'ai aucun doute" nous dit Mme Doudieux. "Je suis absolument certaine de l'avoir vue au Vésinet", ajoute Mme Wachter, une amie de Mme Doudieux. "Mais ce n'est pas possible, répond en riant l'accusée, puisque je ne connaissais pas l'adresse de M. Doudieux. Cette adresse, ella l'aurait cependant demandée à Mme Quinault, préposée, rue Gerbier, au magasin de M. Doudieux. "J'ai vu, dit Mme Quinault, l'accusée venir rue Gerbier; elle m'a remis une lettre pour M. Doudieux, m'a demandé son adresse et M. Doudieux, le lendemain, m'a dit que cette lettre contenait une demande de rendez-vous.
 – Ce n'est pas vrai Je ne connais pas inadtoie et ne sais même pas où elle demeure. D'ailleurs, quelle date serais-je venue au magasin ?
 – Ah! répond le témoin, je ne m'en souviens plus".
 – Si vous le disiez, je vous montrerais que ce ne peut être moi. J'étais alors certainement absente de Paris. Il faut dire la vérité (murmures).
Bien des fois l'accusée provoquera les murmures du public très nombreux où l'on n'aperçoit guère que des jeunes femmes. Il est certain que ses réponses d'un entêtement maladroit ne sont pas faites pour lui attirer les sympathies de la salle. Elle niera même ce qui peut lui être utile: Mme Frotté, qui vécut neuf ans dans la même maison que Marie Bourette, finit par se brouiller avec elle. Le lendemain de cette brouille elle reçoit une lettre anonyme. Tout naturellement elle l'attribue à sa voisine. Marie Bourette m'a affirmé que jamais elle n'avait écrit cette lettre, alors je l'ai crue.
 – C'est faux; Jamais vous ne m'avez parlé de cette lettre.
Fausses aussi les dépositions de deux blanchisseuses qui ont vu Marié Bourette compter devant elles son linge et inscrire sur son carnet ce qu'elle leur confiait à laver.
 – Jamais je ne comptais le linge devant vous. Et ces mentions ne sont pas de mon écriture. Elles sont de la vôtre ou de celle de mon père.
 – Mais il est mort il y a quinze ans, et le carnet était tout neuf quand la blanchisseuse est venue chez vous, répond le président. Cela ne déconcerte pas l'accusée. Les deux poings sur la hanche, elle rit:
 – Oh ! voyez-vous, avec moi, il ne faut pas mentir. Ce carnet ... ce carnet ... je l'avais chez moi. D'ailleurs, je n'ai pas de comptes à rendre à une femme de ménage. (Murmures)
Elle démentira tout le monde, sans jamais apporter aucune preuve, avec une imperturbable confiance en elle-même.
Mme Chiappe fut au Louvre, son chef d'atelier. C'est elle qui signala le vol qu'on imputa à Marie Bourette. Dès lors, les dénonciations anonymes pleuvent contre Mme Chiappe et ses deux beaux-frères. Marie Bourette va trouver M. Cornet, beau-frère de Mme Chiappe, et le menace de lui "faire perdre sa place". Il est dénoncé auprès de M. Hamard comme ayant commis un crime à Vincennes.
 – Mais ce n'est pas vrai, répond Marie Bourette. C'est Mme Chiappe qui me persécutait, me frappait. Comment aurais-je dénoncé son beau-frère ? Je ne le connaissais pas".
Or le brouillon de cette dénonciation fut retrouvé chez elle; il est de son écriture et sur du papier à en-tête du bal Tabarin où elle était employée à là publicité.
 – Qu'est-ce que cela prouve ? On a fait ça pour me faire du mal. Tout le monde peut avoir de ce papier-là chez soi. Et elle se lance dans d'interminables attaques contre Mme Chappe et sa vie privée.

Il n'est pas absolument prouvé pourtant qu'elle ait volé au Louvre, on le crut cependant et l'inspecteur principal, M. Albanel, interrogea Marie Bourette :
 – Je suis innocente répétait-elle à l'inspecteur. Vous pouvez d'ailleurs faire une perquisition chez moi. Puis subitement elle dit à M. Albanel Attendez-moi une seconde, je reviens de suite : Elle partit et ne revint point. Elle était allé sans doute chez elle, dit M. Albanel faire disparaître les marchandises volées mais elle me raconta qu'elle avait été prier à Saint-Germain-l'Auxerrois. Le lendemain, elle donnait sa démission, perdant ses droits à la retraite. Marie Bourette rit aux éclats. Décidément tout l'amuse.
 – C'est grave ce que répète le témoin" dit le président. Oh! non, moi je ne trouve pas. D'ailleurs je n'ai jamais vu ce monsieur. Il ne m'a jamais interrogée. Et le lendemain de son départ, tous les employés du rayon recevaient des lettres anonymes injurieuses.

A la Une du Petit Parisien (13 juillet 1910),"Marie Bourette pendant l'audience.
Au banc de la défense, Me Henri-Robert.
Dans le médaillon, Mme Godart, veuve de la victime".

Quelle singulière accusée ! Elle aurait, pu vivre tranquille, heureuse. On a trouvé chez elle pour 70.000 frs de valeurs. C'était la fortune pour cette femme que tous dépeignent comme laborieuse, économe, rangée. Et tous ceux qui l'ont approchée ont eu à souffrir de son langage, de ses calomnies "Vous aviez une langue de vipère" dit le président. Une de ses camarades est venue nous dire qu'à la sortie du magasin, elle se faisait accompagner par un inspecteur parce qu'elle craignait la violence de Marie Bourette.
Quel peut bien avoir été le mobile qui aurait poussé Marie Bourette au crime, si elle est coupable ? Elle se défend d'avoir aimé.
 – Je n'avais besoin de rien, j'avais de l'argent, dit-elle.
 – Besoin d'affection peut-être répond M. Brégeault.
 – Oh! non.
Les chagrins d'amour, si elle en a eu, n'ont en tout cas pas altéré la robuste santé de cette opulente fille bien nourrie. Elle se défend d'avoir été jalouse. Et pourtant qui aurait écrit à M. Doudieux la lettre qu'il reçut, après son mariage ?

Mon cher Doudieux,
Je suis surpris de vous voir marié. Je comprendrais que vous vous soyez marié avec votre blondinette. Elle est gentille, honnête, charmante. Je la rencontre tous, les jours soit au magasin, soit aux Tuileries. A votre place je divorcerais pour l'épouser. Elle vous aimait bien et vous l'aimez encore elle aussi. Il vaut mieux se marier avec une personnes que l'on aime.

Et la lettre, diront les experts, serait de l'écriture de Marie Bourette.
 – Ce n'est pas moi qui l'ai écrite. Et avec un sourire: D'ailleurs, je répète que je ne connaissais pas l'adresse de M. Doudieux.
 – On a pourtant trouvé cette adresse chez vous.
 – Oh ! je ne l'ai eue qu'après. D'ailleurs, je suis incapable de faire du mal à quelqu'un.
Mais cette protestation d'innocence est faite d'une voix sèche et aigre, qui sonne mal. Son attitude, ses réponses, son gros rire, sa joie qui éclate, déborde devant des accusations si graves, si pécises, rendent plus énigrnatique encore cette mystérieuse accusée qui, dans son obstination de tout nier par principe, par. système, cherche aussi nous cacher ses propres pensées. Elle veut que nous ne connaissions rien d'elle, rien, pas même ses souffrances, si elle en a eu, ses tortures de femme jalouse, cette jalousie qui lorsqu'elle saisit ces pauvres âmes faibles et sans résistance, disait encore Montaigne, c'est pitié comme elle les tirasse et tyrannise cruellement. Elle cache son âme, ses chagrins ou ses haines, comme elle cachait soigneusement, précieusement, ses fioles de poison au fond de son armoire fermée à double tour. Elle veut rester énigmatique jusqu'au bout devant ses juges avec sa large face hilare que tord son perpétuel rire méprisant.

Jusqu'au bout, jusqu'à la sentence de condamnation aux travaux forcés à perpétuité, Marie Bourette aura gardé son attitude déconcertante. Un instant pourtant elle s'est mise à pleurer; non pas, lorsque Me Duboille, avocat de la partie civile, ou M. l'avocat général Servin parlaient de la mort de l'infortuné Godart et de ses souffrances, mais tout simplement lorsqu'au début de l'audience Me Henri-Robert déposa des conclusions à fin d'examen mental. L'attitude singulière de l'accusée avait inquiété le défenseur, et pour entourer "la justice de toutes garanties" il avait sollicité de la Cour l'examen de Marie Bourette par des médecins aliénistes, moyen in extremis que l'on emploie comme l'on jette du lest ou file de l'huile lorsque la mer devient mauvaise.
Nous l'avons vue hier, disait Me Henri-Robert, avec le sourire sur les lèvres, sans émotion aucune, démentir tous les témoins même sur des faits étrangers à l'affaire. Ne serait-ce point là, ajoutait l'éloquent avocat, le symptôme de quelque trouble mental. Aussitôt, entendant que Me Henri-Robert vient de parler de son perpétuel sourire, Marie Bourette se met à fondre en larmes. Larmes vite séchées du reste, car, quelques instants après, lorsqu'elle entendra son défenseur parler des "vieilles filles hargneuses et revêches", elle se mettra en joie, et cette gaieté elle la gardera jusqu'au verdict et même après.
Cette femme qui se défend d'avoir aimé, mais qui, au contraire, dans son désir de paraître, veut avoir été aimée éperdument par M. Doudieux qui proteste, cette femme qui tient à avoir brisé tous les cœurs autour d'elle et qui, la quarantaine passée, vient encore dire, en parlant de M. Doudieux "Ah! si j'avais voulu, il m'eût appartenu ! n'a, dans la soirée qui a séparé les deux audiences, pensé sans doute qu'à sa toilette. Elle a évidemment, avec son intuition de femme, noté l'effet désastreux produit la veille par son extraordinaire chapeau, et elle a pour l'audience définitive arboré une petite coiffure toute simple, toute discrète. Ah ! le paraître comme disait le baron de Foeneste. Paraître élégante et paraître aimée, cela semble préoccuper Marie Bourette infiniment plus que son innocence. Elle a eu encore devant les derniers témoins, experts en écriture ou experts chimistes, de ces réponses absurdes, prévues, classiques pourtant dans les affaires d'empoisonnement.
 – Comment aurais-je acheté de l'arsenic et de la strychnine? Je ne sais même pas ce que c'est !
N'avons-nous pas, dans tous les drames du poison, entendu pareilles réponses ?

L'affaire était si simple, si claire, que la culpabilité de Marie Bourette paraissait évidente même avant d'avoir écouté la plaidoirie de la partie civile et le réquisitoire. Me Duboille a plaidé pour Mme Godart, une jeune femme qui depuis deux jours suit ces débats avec une profonde douleur. La plaidoirie de Me Duboille fut pleine de tact et d'émotion, Il nous a tracé de M.Godart un fort joli portrait. Le ténor de l'Opéra, qui, après son succès dans le Crépuscule des dieux gagnait 50.000 francs par an, avait jusqu'à l'âge de dix-neuf ans été mineur dans les mines de Mons. Il avait une belle voix, du talent. Il eut du succès, et au moment même où un soir de migraine, après une promenade, il prenait par hasard le cachet empoisonné à la strychnine, il venait de signer avec le Manhattan Opera de New-York un engagement de 20.000 dollars pour six mois. Me Duboille indique qu'en donnant à M. Godart ce cachet trouvé dans son jardin, M. Doudieux, qui avait déjà reçu des bonbons empoisonnés, fut quelque peu imprudent, et il nous annonce que dans un procès futur, Mme Godart compte lui demander des dommages-intérêts [1]. En attendant, il demande, au nom de sa cliente, 150.000 frs de dommages-intérêts à Marie Bourette. M. l'avocat-général Servin requiert ensuite une condamnation sévère.
La tâche était rude pour Me Henri-Robert. Il a plaidé avec son talent coutumier, mais la preuve de la culpabilité était faite. Avec un grand art, il a indiqué le doute possible, l'absence de mobile puisque Marie Bourette déclare n'avoir aucun motif de haine contre M. Doudieux. Mais c'était là une de ces causes désespérées où la plaidoirie même habile ne peut plus rien. La conviction du jury était faite.
Les jurés rentrent, rapportant un verdict de condamnation avec des circonstances atténuantes. Marie Bourette se penche vers Me Henri-Robert qui lui apprend à voix basse la sentence. Pas une émotion sur le visage de la condamnée. Sans un tressaillement elle écoute l'arrêt de la Cour qui prononce contre elle la peine des travaux forcés à perpétuité et la condamne à 100.000 frs de dommages-intérêts envers Mme Godart. Et pendant que la salle souligne la sentence de ses applaudissements, Marie Bourette se lève, serre la main de Me Dussaigne, secrétaire de Me Henri-Robert, et s'éloigne entre les gardes municipaux, riant toujours de son large rire.

    [1] Après le procès, une longue procédure civile s'est déroulée. Mme Godart avait demandé, et obtenu des dommages-intérets de Marie Bourette. Mais peu après sa condamnation à perpétuité et son incarcération, celle-ci fut internée dans un asile psychiatrique. Son avocat demanda la révision du procès, arguant que sa cliente était déjà folle au moment des faits. Cela aurait dû la dispenser de procès et de verser des dommages-intérets..
    Le garde des sceaux devait partager cet avis car il introduisit un pourvoi en révision devant la Cour de cassation, basé précisément sur la folie de Marie Bourette.
    Aux Assises, Me Henri-Robert avait demandé pour sa cliente un examen mental. la Cour l'avait refusé sous prétexte que le juge d'instruction ne l'ayant pas accordé, aucun fait nouveau, depuis l'enquête, n'avait fait douter de l'équilibre mental de Marie Bourette. Et pourtant, dans cette sombre affaire, tout semblait chez l'accusée dénoter les stigmates de l'hystérique empoisonneuse. Un simple examen mental lors de l'instruction eût évité ces complications judiciaires.


Société d'Histoire du Vésinet, 2009 - www.histoire-vesinet.org