D'après Le Vésinet, Bulletins municipaux, n°4, septembre 1966 et n°24, avril 1973

La Maison du Combattant

Par décret du 24 novembre 1929, l'Union Nationale des Mutilés Réformés est reconnue d'utilité publique. Sa section du Vésinet lance une souscription en vue de construire une Maison du Combattant au Vésinet.
Comme il s'agit de la première du genre, les annonces enthousiastes paraissent longtemps avant l'achèvement des travaux.

Le Petit Parisien, 14 janvier 1930

La Maison du combattant du Vésinet sera inaugurée l'été prochain

Comme c'est la première en France, une imposante manifestation sera organisée à cette occasion par les anciens combattants, qui tiendront ensuite un congrès national. Le Petit Parisien a relaté avec quelle particulière solennité avait été procédé le 11 novembre dernier, au Vésinet, à la pose de la première pierre de la première « Maison du combattant » édifiée en France.

L'ampleur apportée dans l'accomplissement de ce geste symbolique indiquait déjà quel intérêt la grande famille des anciens combattants attachait à l'initiative de M. J. Domont, président de l'Association des A.C.M.R. du Vésinet.

 

Dessin du Projet, janvier 1930

 

Pour mieux marquer encore l'importance d'une telle œuvre, dont l'exemple sera, souhaitons-le, bientôt suivi dans toute la France, toutes les associations d'anciens combattants ont décidé de se faire représenter à la cérémonie d'inauguration qui aura lieu en juin prochain. On prévoit ainsi que 30,000 personnes, anciens combattants et leurs familles, assisteront à cette fête grandiose à laquelle la musique de la garde républicaine prêtera son concours.

Ils se réuniront ensuite en un congrès qui tiendra ses assises en plein air, sur les vastes pelouses du Vésinet où, faute de mieux, ils camperont ensuite sous la tente, ce qui ne constituera pas une nouveauté pour eux.

D'ores et déjà, avant même son achèvement, le gouvernement a reconnu d'utilité publique la Maison du combattant du Vésinet. En effet, les avantages d'une telle œuvre sont incontestables, puisque la "Maison du combattant", telle qu'elle fut conçue par M. J. Domont, prévoit une salle de réunion, où les membres de l'association tiendront leurs assemblées plus dignement qu'en une arrière-salle de café. Un service médical, avec salle de consultations gratuites, assurera les soins les plus éclairés à ceux qui souffrent encore des grandes misères de la guerre. Une bibliothèque sera mise à la disposition de ceux qui cherchent dans la lecture un repos attrayant. Enfin, une coopérative ouverte aux combattants et leur famille, ,les aidera à lutter contre la montée incessante des prix des denrées de première nécessité.

Aussi, quand, plus tard, chaque localité comptera, en plus de l'édifice officiel qui est la mairie, la Maison non moins officielle, du combattant, l'œuvre immense de solidarité et d'entraide qui doit unir les survivants de la Grande Guerre, sans distinction d'opinion ou de croyance, sera un fait accompli.

Grâce à quelques bienfaiteurs, sur les plans de l'architecte Roger Lord, le bâtiment est construit, en pierre, sur un terrain appartenant à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, à côté de la gare du Vésinet, par les entrepreneurs Debest frères et Hardy.
Le 13 juillet 1930, elle est inaugurée sous la présidence d'honneur (toute virtuelle) du ministre des pensions, M. Champetier de Ribes. Le docteur Charles Boulay, représente le ministre empêché, et préside à la cérémonie précédée de l'inauguration de la rue du Général-Clavery, tué quelques mois auparavant dans une embuscade au Maroc et dont la famille est une des plus anciennes du Vésinet.
Le cortège composé de plusieurs sections d'anciens combattants et de la musique du 23e Colonial, se rend à la Maison du combattant devant laquelle les discours sont prononcés successivement par MM. Domont, président du groupe du Vésinet de l'Union des mutilés et réformés, Cloppet maire, président d'honneur, Chatenet, président de l'Union, et enfin le docteur Charles Boulay.
Une soirée de gala eut lieu ensuite, au cours de laquelle on joua l'Ami Fritz, avec le concours de M. Roger Monteaux et de Mlle Suzanne Rouyer, de la Comédie-Française et de M. Le Marchand, de l'Odéon.

Maison du Combattant au Vésinet.

Sur les plans de l'architecte Roger Lord, construite en pierre, sur un terrain appartenant à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest.

Au 11, rue du Général-Clavery, par les entrepreneurs Debest frères et Hardy, elle est inaugurée le 13 juillet 1930.

 

Le sigle de l'UNMRAC est reproduit par la ferronnerie de l'imposte et des portes. Trois tableaux contribuent à la décoration intérieure, dont deux grandes toiles de Maurice Dubois, peintre aux armées ayant vécu au Vésinet Compagnons de gloire (1912) et La mort du trompette (1914), inspirées de la retraite de Russie [1812] et Le Retour d'attaque de Rodolphe Caillaux, [1904-1987] inspiré de la Grande-Guerre..
La liste des souscripteurs figure sur une plaque de marbre, dans la salle principale de l'édifice:

  • M. Courvoisier, [banquier et philanthrope suisse, domicilié au 5 avenue du Belloy],
  • Mme Domont,
  • Colonel Nelson Morris, [mari de Jeanne Aubert, artiste de variétés, propriétaire de la villa Les Rives],
  • M. Englund,
  • M. Henry Myers, [négociant new-yorkais, propriétaire de la villa Les Oiseaux, 44 boulevard d'Angleterre],
  • Mme Parent,
  • Mme Jeanne Lanvin [créatrice de mode, propriétaire de la villa Les Vieilles Tuiles],
  • M. Rosen [propriétaire du Castel-Francine],
  • Cie Parramantois, Le Pecq,
  • M. Pretzmann [propriétaire de la villa La Gouvrière],
  • Mme Joséphine Baker [artiste de variétés, propriétaire de la villa Beau-Chêne],
  • Mme E.M. Dufour,
  • M. Robert Masson.

Les associations d'Anciens Combattants du Vésinet

De tout temps les anciens soldats ont éprouvé le besoin de se réunir pour revivre les durs moments de leurs campagnes, ceux plus gais du repos et, si besoin est, aider ceux de leurs camarades dans la peine ou le besoin. Les premiers Vésigondins ont vu défiler dans nos rues et derrière leur drapeau pieusement conservé, ceux de 1870 à qui le sort des armes fut contraire. La plus grande partie du XXe siècle ne fut pas, hélas, une ère de paix. Aussi, chaque année des cérémonies sont l'occasion de rendre hommage à ceux qui ont participé aux plus grandes batailles de l'Histoire.

Drapeau des médaillés militaires

Combattants de la guerre de 1870 (281e section - Chatou, Le Vésinet, Croissy)

conservé à la Maison du Combattant. (Cliché SHV).

Dès 1915-1916 se fondent des associations de mutilés et réformés avec aussi les veuves et même les ascendants. Peu à peu, ces associations se regroupent. Le 11 novembre 1917 à Paris, au Grand Palais, se tient le 1er congrès de l'UF (Union fédérale). Des bases sont jetées, des principes sont définis, des dirigeants se révèlent, "laissant au vestiaire" leurs convictions diverses pour ne penser qu'à la défense des victimes de la guerre. A Lyon, en février 1918, nait l'Union fédérale des associations françaises de blessés, mutilés, réformés, anciens combattants de la grande guerre, veuves, orphelins et ascendants.
Au Vésinet les "Poilus" qui étaient revenus de la guerre 1914-1918 se sont groupés en une association qui accueillera plus tard dans son sein ceux de 1939-1945, puis ceux des Théâtres d'Opérations Extérieures : Maroc, Levant, Syrie, Indochine, Algérie ... sur lesquels depuis 1918 des Français se sont battus, ont été blessés ou ont donné leur vie.

Maison du Combattant, salle de réunion (1930)

Amicale des Anciens Combattants

Cette association est née de la fusion en 1950 de deux sociétés d'Anciens Combattants aux buts semblables. Elle a pour nom Amicale des Anciens Combattants, Mutilés, Veuves et Orphelins de Guerre du Vésinet. Régie par la loi du 1er juillet 1901, elle avait pour but conformément à ses statuts :
— de créer et de maintenir entre tous ses membres un esprit d'union, de solidarité et de sympathie,
— d'assister et d'aider ses membres par son action dans tous les domaines et en particulier dans la sauvegarde de leurs intérêts et droits légitimes,
— de contribuer par ses initiatives au resserrement des liens entre ses membres.
Cette Amicale qui s'interdisait toute activité politique, philosophique ou religieuse a voulu préserver sa liberté et ne s'est pas affiliée à l'une des grandes confédérations d'Anciens Combattants. Elle fût peut-être une des seules associations d'Anciens Combattants à posséder sa Maison construite grâce aux cotisations de ses membres. Administrée par un comité directeur de dix-huit membres élus pour trois ans par l'Assemblée Générale, elle réunissait des membres honoraires (s'intéressant à l'Amicale soit à titre d'anciens militaires qui n'ont pas la qualité d'Ancien Combattant soit à tout autre titre), les membres actifs, titulaires de la carte du combattant, les veuves de militaires tués à l'ennemi ou décédés des suites de leurs blessures et, jusqu'à leur majorité et à titre gratuit, les orphelins de guerre.
L'Amicale participait aux cérémonies de caractère national ou patriotique. Elle s'efforçait aussi de témoigner toute sa sympathie à la famille de ceux de ses membres qui disparaissent, d'aider ceux qu'elle savait dans le besoin ou la peine, de renseigner et de conseiller ceux de ses membres qui avaient des titres ou droits à faire valoir.

Les Anciens Combattants Prisonniers de Guerre

Plus de 60 ans se sont écoulés depuis le grand retour des prisonniers de guerre et les tragiques événements qui ont bouleversé notre pays de 1940 à 1945, ont tendance à s'estomper. Les combattants de 40 qui, après avoir fait leur devoir à la place qui leur avait été assignée ont été submergés par des forces bien supérieures aux leurs, et capturés sur le champ de bataille, ou à l'issue des combats, ont ressenti davantage encore l'humiliation de la défaite, dans la condition de captifs qui leur était faite dans les Oflags, Stalags, Kommandos, durant, pour le plus grand nombre, près de cinq années.
Sitôt démobilisés, après avoir savouré les joies de la liberté retrouvée, ils eurent à affronter de nouvelles réalités. Les "Anciens Prisonniers" se regroupèrent pour tenir le serment qu'ils avaient fait de prolonger dans le Civil les amitiés nouées dans leur baraque ou en Kommando. Et surtout pour entretenir et développer cet exceptionnel esprit de solidarité, qui s'était créé dans la peine, entre des hommes éprouvés, moralement, physiquement, toutes classes confondues, sans aucune distinction philosophique ou religieuse.
Dans chaque localité, il existe une Section d'Anciens PG. Celle du Vésinet, fondée dès 1945, faisait suite au Centre d'Accueil créé par Paul Breitenstein. Officier, combattant de 14-18, rapatrié en 41, il fut durant plusieurs années le premier président de la Section qu'il organisa et anima avec compétence et dévouement. Il fut remplacé par Georges Riès, à qui succéda Charles Lautour....


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